Yv

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Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

Conseillé par
2 juillet 2016

Un roman écrit par une femme dans lequel les personnages principaux sont des femmes n'est pas forcément réservé aux femmes. La preuve, je l'ai lu et j'ai plutôt bien aimé. Sans doute parce que j'avais eu un avis identique sur un autre livre de Guillemette de La Borie ("La vérité pour héritage"), l'éditeur m'a envoyé celui-ci avec une dédicace de l'auteure. Sympathique attention qui m'a fait ouvrir "Une année dans la vie d'une femme", ce que je peux l'avouer ici, je n'aurais sûrement pas fait en librairie, ce n'est a priori pas mon genre de lecture favori. N'allez pas croire qu'une simple dédicace suffise à me corrompre, non, il en faut beaucoup plus, des chèques, du chocolat, du bon vin... oui, ça ça peut fonctionner, je suis vénal... Non disons que lorsque je vois arriver un livre avec dédicace et qu'en plus j'ai déjà lu et apprécié un roman de l'auteur, eh bien je jette un œil, je commence tranquillement le roman. Parfois, ça ne suffit pas, et ledit roman me tombe des mains. Parfois, je continue, ce que je fis là. Parce que ce roman est très agréable, Guillemette de La Borie a une plume plaisante qui nous emmène tout au long de son histoire. Elle crée des femmes proches de la réalité, des femmes aux vies très différentes : Aliénor, la Parisienne-bourgeoise et Tiên, l'ex-boat-people qui tient une quincaillerie qui périclite avec son mari, Marion la mère célibataire aux amours compliquées et Stéphanie la mère de famille épanouie. Elles sont sympathiques, le livre aurait pu parodier un titre célèbre et se nommer "Le cœur des femmes".

Guillemette de La Borie aime les histoires de famille, les vieilles pierres, c'était déjà le cas dans l'autre roman que j'ai lu d'elle. Elle aime aussi les secrets de famille : on sent bien qu'il y en a un là aussi, on peut même deviner à quelques indices à quoi il peut ressembler, et bizarrement, même en ayant quasiment la solution en tête, eh bien, je me suis fait avoir et lorsque le secret fut révélé j'en fus surpris -ce qui, je dois bien le dire a rabaissé un peu mon côté fanfaron qui devine la fin des polars avant les autres, qui sait qui est le meurtrier avant les enquêteurs, si si, ça m'arrive d'être un peu comme ça.

Une belle et heureuse lecture donc -même si j'avoue avoir sauté des pages qui me semblaient un peu superflue.

À emporter sur la plage ou ailleurs.

Conseillé par
2 juillet 2016

Je retrouve avec plaisir Dany Laferrière et ses souvenirs d'enfance à Petit-Goâve. "L'odeur du café" m'avait emballé, pareil pour "Le charme des après-midi sans fin", qui en plus d'être un titre très beau est à mon avis idéalement trouvé. Imaginez un après-midi au soleil, l'envie de ne rien faire, juste de profiter, du jardin, d'un bon livre, du calme... chacun mettant ici ce qu'il désire ; et puis que cet instant ne s'arrête pas, qu'il dure, qu'il dure... Eh bien c'est cela ce livre, le charme des ces petits moments que l'on savoure, un peu égoïstement. Dany Laferrière est plus partageur puisque c'est grâce à ses souvenirs que l'on se trouve très bien. Des anecdotes qui parfois rencontrent l'histoire de son pays. Vieux Os est assez insouciant sauf en ce qui concerne Vava qu'il ne peut ni ne sait aborder, se trouvant inintéressant. Tout garçon un peu timide sait combien c'est difficile d'aborder une belle jeune fille qui lui plaît, craignant de se prendre un râteau ou une honte terrible, une de celles dont on ne se remet que difficilement et qui rend encore plus ardue l'histoire suivante... C'est en grandissant qu'il s'apercevra que finalement, la fille ne le trouvait pas si nul et qu'elle aurait bien aimé un rapprochement...

Mais ce roman est aussi une grande déclaration d'amour à Da la grand-mère qui a élevé Vieux Os et qui est le personnage le plus important à ses yeux et pour quasiment tous les habitants de Petit-Goâve. Beaucoup passent boire un café chez elle - le meilleur à des kilomètres à la ronde -, sur la galerie du 88 de la rue Lamarre. Elle sait ainsi presque tout ce qui se passe dans la ville sans bouger de chez elle, et comme en plus elle est fine et intelligente, le reste, elle le devine.

Encore une fois, je suis sous le charme de l'ambiance, de l'atmosphère décrites par le romancier. Il a le sens de la formule, de la tournure de la phrase qui fait sourire :"Les mères croient que Tony est un bon garçon parce qu'il a un visage d'ange et des "manières exquises", comme dit madame Jérémie, la mère de Charline, celle qui a les plus gros seins de l'école des Sœurs. Alors que ce type est un véritable tueur. Tony ne fait jamais de cadeau. La première fois qu'il rencontre une fille, il l'emmène à coup sûr à la cabane. Mais c'est Frantz, la terreur des mères. Alors que le problème de Frantz, c'est qu'elles veulent toutes l'emmener à la cabane. Ah, les mères !" (p.39/40) Ou bien encore cette phrase, proverbe ou aphorisme, en tous cas très imagée et compréhensible : "Il pleut à boire debout" (p.74)

Quelle belle idée de Zulma de rééditer ces deux romans en poche, à lire à la suite, c'est mieux sans doute : "L'odeur du café" et "Le charme des après-midi sans fin".

Conseillé par
2 juillet 2016

Les signatures sont prestigieuses, Hubert Haddad, bien sûr, mais aussi Jean-Marie Blas de Roblès, Adonis, Alain Mabanckou, Jean Rouaud, Abdourahman A. Waberi, ... -désolé pour ceux que je n'ai pas nommés, j'ai aimé aussi vos textes, mais c'est exactement le même problème que pour IntranQu'îlltés, vous êtes très nombreux.

Textes plus longs et très beaux accompagnés de photos magnifiques. Cette revue s'intéresse à la littérature du monde, plutôt ciblée pour ce numéro, Afrique et rives de la Méditerrannée. Elle doit son nom au poète Apulée, auteur de L'âne d'or ou les Métamorphoses et met en exergue cette citation tirée de ce livre : "Moi-même, je sais le plus grand gré à l'âne que je fus de m'avoir fait passer par des tribulations variées et rendu, sinon pleinement sage, du moins plus riche de savoir."

D'une très grande qualité et d'une aussi grande exigence, c'est une revue qui ne manquera pas de plaire aux amateurs de découverte littéraire, aux amateurs de belles lettres et de belles photos.

Quatre cents pages de beauté éditées chez Zulma.

Collectif

Au Diable Vauvert

Conseillé par
2 juillet 2016

Signatures prestigieuses : Dany Laferrière, Michel Onfray, Arthur H, Hubert Haddad, René Depestre, Jorge Luis Borges, Makenzy Orcel, ... et énormément d'autres. Vraiment désolé pour tous ceux que je n'ai pas cités, mais vous êtes de nombreux participants, j'ai aimé vos textes aussi, même ceux qui sont assez loin de moi, je les ai trouvés beaux, poétiques, pour de courts textes rangés en chapitres au titres évocateurs :

- Manifeste pour un nouveau monde

- Le monde des lettres

- Pile ou face

- De la poésie avant toute chose

- Tous les vents du monde

- Déclic.

Deux cent quatre-vingts pages de réflexion, de rêves, de beauté des mots et des phrases : "Et l'exil du temps est plus impitoyable que celui de l'espace. Mon enfance me manque plus cruellement que mon pays." Dany Laferrière. Mais aussi beaucoup de photos d'œuvres, des toiles, des installations, des photos. Tout est beau, d'une très grande qualité de la première à la dernière page -une petite préférence pour Chronique du cochon créole de Yaël Talleyrand, une acrylique sur toile que je ne peux malheureusement pas vous montrer ici, mais que je verrais bien dans mon intérieur que je suis en train de refaire...

Une revue hébergée par Zulma pour ceux qui hésiteraient encore....

Piranha

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2 juillet 2016

Il y a un moment que je n'avais pas lu un aussi bon polar venu du nord. Il y eut une très belle période avec les Mankell, Indridason et autres Scandinaves talentueux, puis la mode nous a aussi envoyé des romans moins aboutis, qui surfaient sur l'engouement. Puis une nouvelle salve de bons est arrivée avec Adler Olsen notamment et même des Français s'y sont mis (Olivier Truc, par exemple). Si j'écris ce petit préambule, c'est que ce "Troubles" est de manière évidente dans cette lignée de bons romans noirs qui s'intègrent dans un pays, une société. Le contexte est ultra présent, il est à la fois un moyen de connaître le pays, les préoccupations des Danois, leurs difficultés à accepter le changement de société qui a cours depuis plusieurs années avec la mondialisation, la circulation rapide des informations, des biens et des personnes. Ce contexte social, politique cache au départ les vraies raisons du meurtre, puis au fur et à mesure qu'on se dirige vers un trafic de drogue, le milieu activiste, celui qui manifeste dans les rues reste soupçonné. L'intrigue est dense, aux multiples ramifications qui nous empêchent de trouver le ou les coupable(s) avant Axel Steen, et pourtant, on a des indices supplémentaires...

Axel Steen est un flic peu ordinaire, mais on a déjà pu en rencontrer d'autres du même type : vie privée chaotique, vie professionnelle qui ne suit pas la pente naturelle vers le haut pour cause de travail personnel, de méthodes toujours à la limite des procédures voire carrément en dehors, d'un manque de respect pour la hiérarchie... mais tout cela est fait pour la recherche de la vérité, pour l'élucidation des meurtres, par égards pour les victimes et leurs familles. Il est comme ça Axel, entier et totalement dévoué à son travail. Il fait équipe avec un procédurier qui se révèlera très loyal, même si sa description et son nom prêtent à sourire : "C'était l'inspecteur qui portait le pantalon le plus moulant de la police danoise. Il lui remontait si haut dans l'entrejambe qu'on se serait attendu que sa bouche émette un chant de castrat chaque fois qu'il l'ouvrait. Cette étroite enfourchure était l'objet de bien des commérages entre haut et bas -notamment chez les collègues féminines- car on distinguait le renflement de sa bite, enroulée comme un serpent assoupi du côté gauche. Et l'intérêt était d'autant plus grand que John Darling avait l'allure d'un vrai mannequin." (p.26)

Je pourrais aussi vous parler de la rivalité entre la police criminelle et le Renseignement, de toutes les pages consacrées au financement du terrorisme international, de celles qui concerne le trafic de drogue, de la défiance des Danois envers les immigrés (là-dessus, nous n'avons pas de leçon à donner), de Christinia, ce quartier autoproclamé "ville libre" depuis les années 1970 et qui fonctionne toujours, des visites de la ville en compagnie d'Axel Steen dans des rues aux noms impossibles à lire -alors à prononcer...

Je pourrais aussi vous signaler que ce roman est le premier d'une série, que d'autres sont déjà écrits et pas encore traduits et que j'espère très fortement que Piranha aura la bonne idée de refaire appel à Jean Renaud pour traduire la suite que je lirai avec très très grand plaisir, tant ce premier tome est annonceur d'une excellent série. Vivement le retour d'Axel Steen !