La Lituanie? Pourquoi en parler? Peut-être parce qu'elle est riche d'une littérature méconnue. Peut-être parce que son histoire et intimement liée à celle de l'Europe - et que celle-ci est incompréhensible sans la sienne. Peut-être parce qu'à l'ombre des grandes nations vivent paradoxalement les meilleurs témoins de nos existences mouvementées. Tomas Venclova, grand poète de son état, nous partage ici sa vie, qui est celle aussi de son pays, oeuvrant ainsi sa mémoire. Et à la nôtre.

Il suffit d'un crâne découvert dans le stationnement du Royal Victoria et toutes les fictions sont permises. Kaléidoscope des vies vécues par ce corps anonyme où le moindre détail peut être un écho audible dans toutes les versions de son existence, ce roman est une merveilleuse leçon sur les histoires qu'on s'approprie et qu'on se raconte comme des phares dans la nuit de la mort.

Tiohtiá:ke, c'est le Montréal dont on ne veut rien savoir, celui de la rue, de la drogue, des soupes populaires, du bannissement général de la société. Mais aussi celui de la chaleur humaine, de la solidarité et de l'espérance qui se font guides des vies que la ville cache en son sein, cette vie qui palpite et que l'on évite du regard. Voilà que Michel Jean nous la révèle, magistrale, intemporelle.

Dans ce roman sincère, Antoine Wauters revisite son enfance et ceux qui l'ont peuplée, de même que son rapport à l'écriture et à la vie littéraire. Autant de fragments, autant d'adages qui rendent leur gloire aux menus détails d'un quotidien disparu et dont l'importance ne nous apparaît qu'a posteriori. C'est la tâche de l'écrivain de ne pas l'oublier, et d'en faire sa matière. Wauters en fait une leçon de vie.

Elle est là, elle n'est pas là : c'est le drame silencieux d'une vie tout aussi silencieuse. Elle est cantonnée à son mariage, à sa maison, à sa cuisine. À ses valeurs. C'est la tante de l'autrice - et combien d'autres femmes encore. C'est le récit d'une solitude profonde, longue, déchirante.