Yv

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Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

Éditions des femmes-Antoinette Fouque

13,00
Conseillé par
2 février 2023

Très court texte de Myriam Dao qui réussit l'exploit dans ces très belles 145 pages de parler du racisme, de la misogynie, d'un couple qui s'étiole, de la différence de classe sociale, de la difficulté d'être une femme dans les années 50 lorsqu'on ne peut travailler et dépenser de l'argent qu'avec l'accord de son mari, du lien marital difficile à rompre, de la difficulté d'être un immigré qualifié lorsque les Français ne voient que l'immigré donc nécessairement un tâcheron. "A mesure que Zao traçait sa misérable trajectoire, assujetti, pour ne pas dire aliéné, à des industries automobiles ou textiles ayant grassement tiré bénéfice du colonialisme par la production de caoutchouc ou du coton, son pays écrivait une nouvelle page d'histoire, celle de l'indépendance. L'ironie de la situation lui laissait un goût amer. Se retrouver larbin dans des usines qui avaient exploité sa terre natale." (p.57)

Myriam Dao va au plus court, au plus direct sans s'étendre sur des détails superflus. A coups d'anecdotes, de faits, de mots que les époux s'écrivent après une dispute, de descriptions de photos au fil des années, le lecteur reconstruit la vie du couple et bientôt de la famille, le lent effritement, puis l’inexorable éloignement des deux conjoints voire la détestation. Et tour à tour, on peut trouver la femme injuste quand elle ne soutient pas son mari attaqué pour ses origines ethniques et penser que Zao est dur, misogyne lorsqu'il l'empêche de sortir. Aucun des deux n'est blanc ou noir.

Myriam Dao élague, épure son texte duquel émane une poésie et une grâce certaines. Un premier roman très réussi, très beau, très juste.

Conseillé par
2 février 2023

Début des années 1960, Robertine Davy, onze ans entre au pensionnat des sœurs avec l'objectif de décrocher le bac. Comme beaucoup de jeunes filles de familles modestes -ou de jeunes garçons qui se dirigeaient eux, vers le séminaire-, la communauté religieuse paie une partie des études contre la promesse d'enseigner dix ans dans les écoles de la congrégation.

Elle va devoir avec ses camarades se confronter à la discipline, la rigueur et la morale. Mais les filles trouveront des astuces pour les contourner voire les contester, dans ces années où à l'extérieur, le monde change.

"Ma-Chère-Sœur pousse contrat et stylo-encre vers "notre grande fille". Sous la mention Fait à..., le 23 Septembre 1963, Robertine Davy, onze ans, signe avec application, un engagement de dix-sept années. Dont sept de réclusion ferme." (p.13) La suite du livre, c'est l'oppression ressentie à la fermeture des grandes grilles, entourée de hauts murs hérissés de tessons de bouteilles. Puis la découverte de la chambre et des filles qui la partagent. Puis les sept années d'enseignement strict, de surveillance renforcée -même le courrier est lu par la responsable du pensionnat, officiellement Ma-Chère-Sœur et officieusement La colonelle. Mais ce sont aussi des amitiés qui se créent, des liens forts et nécessaires pour supporter.

Dans une écriture épurée, poétique, Françoise Moreau raconte la vie des ces jeunes filles éloignées des tumultes du monde extérieur, qui verront cependant les conditions s'alléger un peu après Mai 68. De onze à dix-huit ans, elles vont découvrir la puberté, les premiers émois amoureux pour tel ou tel garçon entrevu. Le roman est rythmé par les chansons des années 60, essentiellement celles des artistes français : Brassens ou Léo Ferré (pas vraiment conseillées par les sœurs), Brel (ça dépend des chansons), et bien sûr les jeunes qui débutent, le rock, les yéyés... Cela donne un petit air de nostalgie et de légèreté, renforcée par un ton parfois acide, ironique sur les préceptes du pensionnat, les attitudes distantes des sœurs enseignantes.

Les connaisseurs de la région nantaise, région dans laquelle vit l'autrice -et moi aussi- reconnaîtront des noms de famille des coreligionnaires de Robertine empruntés à des communes proches. Bref, un très beau court roman.

Sigrun Palsdottir

Anne-Marie Métailié

19,00
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2 février 2023

Le roman de Sigrún Pálsdóttir est basé sur des faits réels et notamment sur la découverte de l'Amérique, bien avant Christophe Colomb, par les Vikings. Et dans les bateaux des Vikings qui accostèrent sur ces terres nouvelles, il y avait Gudridur Thorbjarnardóttir, véritable héroïne islandaise qui vécut donc en Amérique aux alentours de l'an mille et y donna naissance à son fils, Snorri Thorfinnsson, le premier enfant blanc né sur ces terres appelées en viking Vinland. Deux livres fondateurs sont régulièrement mentionnés dans le roman : La saga des Groenlandais et La saga d'Erik le Rouge.

Nonobstant les sources très anciennes et la période à laquelle vit Sigurlina, le roman de Sigrún Pálsdóttir est très moderne. Elle aurait pu faire des aventures de Sigurlina un roman fleuve en décrivant par le menu tout ce qu'elle voit, ce qu'elle vit et s'apitoyer sur son sort, car son héroïne va de mésaventures en mésaventures pour ne pas dire de drames en drames. Mais foin de tout cela, l'autrice ne s’appesantit pas. Elle décrit, énumère et surtout laisse le lecteur faire les liens. Ce qui n'est pas écrit clairement l'est entre les lignes. J'aime lorsqu'une écrivaine parie sur l'intelligence et l'imagination de ses lecteurs. J'aime cela parce que plutôt qu'un pavé indigeste de plus de 400 ou 500 pages, elle écrit un court roman d'à peine 200 pages, vif, dynamique, sans temps mort. Tout y est juste, rien n'est en trop et rien ne manque. Pourquoi, par exemple, infliger des pages de descriptions de l'aménagement et du fonctionnement d'une maison lorsque tout peut être dit comme ceci : "Sans qu'on sache comment, la maison avait fini par s'emplir de meubles. Sans qu'on sache comment, Sigurlina avait fini par se retrouver à la cuisine, s'affairant aux fourneaux, ils avaient fini par s'asseoir tous les trois à table pour prendre leurs repas." (p.25)

Sigurlina est une héroïne charmante, un peu naïve sans doute, qui devra lutter, tomber pour mieux se relever, s'affirmer, se défendre, tout cela pour acquérir sa liberté, ce qui n'était pas évident il y a plus d'un siècle. Le roman est également passionnant parce qu'il traite de l'histoire de l'Islande, de l'héritage culturel et la réflexion est intéressante lorsque de nos jours, beaucoup de pays pillés réclament le retour des œuvres.

Très belle découverte que ce roman foisonnant, passionnant. Sigrún Pálsdóttir use d'une langue fluide, agréable qui ravira le plus grand nombre pour cette tragi-comédie qui emballe du début à la toute fin.

15,95
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2 février 2023

Le capitaine Maxime Danjou, blessé à Waterloo et souffrant depuis de troubles de la mémoire se retrouve au Val de Grâce après une rixe dans une taverne pour défendre l'honneur des soldats impériaux, ce qui est assez mal vu par l'occupant.

Maxime est secouru par Mathilde Brunoy, jolie jeune femme qui soutient qu'il est son mari Théodore Brunoy, colonel de l'armée impériale. Malgré ses troubles, Maxime sait qui il est et qui il n'est pas, mais les indices et les faits des semaines suivant son arrivée à Rouen dans la demeure des Brunoy, le font douter. Tout va dans le sens de Théodore Brunoy. Certains, même dans la rue le reconnaissent comme tel.

Bande dessinée historique en deux volumes qui aurait pu tomber dans la facilité de l'amnésie et de tout ce qui peut tourner autour, mais qui, finement raconte une histoire de machination diabolique. Franck Giroud, le scénariste prend les codes du polar et de l'histoire pour construire une bande dessinée historique passionnante dans laquelle les gentils et les méchants ne le sont peut-être pas autant qu'on le penserait, même si certains sont quand même prêts à tuer... C'est vraiment bien, on se balade dans une époque troublée, juste après la défaite de Napoléon, les bonapartistes sont mal vus, les royalistes refont surface. Le petit peuple s'en moque, qui souffre toujours autant.

J'aime bien le dessin de Gilles Mezzomo, très coloré, vif, rapide comme un film de cape et d'épée. La bataille de Waterloo fait trois pages de grandes cases avec moult détails (point trop de sang, je rassure les âmes sensibles).

Très bon diptyque qui ravira les amateurs du genre bande dessinée de polar historique et les autres aussi.

Conseillé par
2 février 2023

Le capitaine Maxime Danjou, blessé à Waterloo et souffrant depuis de troubles de la mémoire se retrouve au Val de Grâce après une rixe dans une taverne pour défendre l'honneur des soldats impériaux, ce qui est assez mal vu par l'occupant.

Maxime est secouru par Mathilde Brunoy, jolie jeune femme qui soutient qu'il est son mari Théodore Brunoy, colonel de l'armée impériale. Malgré ses troubles, Maxime sait qui il est et qui il n'est pas, mais les indices et les faits des semaines suivant son arrivée à Rouen dans la demeure des Brunoy, le font douter. Tout va dans le sens de Théodore Brunoy. Certains, même dans la rue le reconnaissent comme tel.

Bande dessinée historique en deux volumes qui aurait pu tomber dans la facilité de l'amnésie et de tout ce qui peut tourner autour, mais qui, finement raconte une histoire de machination diabolique. Franck Giroud, le scénariste prend les codes du polar et de l'histoire pour construire une bande dessinée historique passionnante dans laquelle les gentils et les méchants ne le sont peut-être pas autant qu'on le penserait, même si certains sont quand même prêts à tuer... C'est vraiment bien, on se balade dans une époque troublée, juste après la défaite de Napoléon, les bonapartistes sont mal vus, les royalistes refont surface. Le petit peuple s'en moque, qui souffre toujours autant.

J'aime bien le dessin de Gilles Mezzomo, très coloré, vif, rapide comme un film de cape et d'épée. La bataille de Waterloo fait trois pages de grandes cases avec moult détails (point trop de sang, je rassure les âmes sensibles).

Très bon diptyque qui ravira les amateurs du genre bande dessinée de polar historique et les autres aussi.